Préface du "Pouvoir du droit face à la désinformation financière"

L’histoire de la Ve République pourrait se résumer en illusions langagières. C. de Gaulle lança l’illusion langagière que la France demeurerait une grande puissance coloniale et, durant son mandat, elle perdit l’Algérie.

G. Pompidou bâtit sa légitimité sur l’illusion langagière que la France continuerait d’être une grande nation marchande et économique, la crise économique mit un terme à cette illusion de puissance.

V. Giscard d’Estaing fut élu sur l’illusion de la modernité de son intelligence et son quinquennat se résuma à un long monologue arrogant semblable à une chape de plomb.

F. Mitterrand fut élu en 1981 sur l’illusion langagière que la France pouvait être généreuse, on découvrit l’actionnariat salarié et les politiques de rigueur. En 1988, il fit campagne sur le thème de la France unie, et le parti socialiste ne sut rien faire d’autre que de se déchirer au congrès de Rennes.

J. Chirac, en 1995, ne fut pas élu sur le thème de la fracture sociale, contrairement aux idées répandues, mais sur l’illusion langagière de la réactivité face au conservatisme d’E. Balladur. Sa cohabitation le figea dans l’immobilisme. En 2002, l’illusion sécuritaire l’emporta pour n’être au final qu’un quinquennat résumable à un accroissement de l’insécurité avec les émeutes urbaines.

N. Sarkozy obtint la victoire avec la promesse illusoire d’un accroissement du pouvoir d’achat pour tous ceux qui se lèvent tôt. La crise des subprimes est venue compromettre ce qui n’était qu’une illusion de campagne.

Même si je fis parti de ces millions de fourmis qui œuvrèrent à la victoire de F. Mitterrand, l’éducation que j’ai donnée à mon fils fut de toujours se méfier des hommes providentiels et des discours de circonstance.

C’est la raison pour laquelle, si l’éternité nous est comptée, j’ai guidé mon fils dans le cadre de ses études juridiques pour qu’il serve le sens du droit et mette ses connaissances au service de ceux qui en ont le plus besoin.

« Vivons aujourd’hui comme si c’était le dernier jour et apprenons comme si nous avions l’éternité » (pensée de Gandhi).

À mon fils.

Robert Compin

Le pouvoir du droit face à la désinformation financière, préface de Robert Compin, Editions du Jets d’Encre, novembre 2009, 464 pages ;